Esther Diwan

[00:00:16] Interviewer: Je voudrais vous remercier au départ d'avoir participé avec nous avec Sephardi Voices. 

[00:00:23] Esther Diwan: Avec plaisir. 

[00:00:24] Interviewer: Merci. Et je vais commencer avec l'information de base. Quel est votre nom et votre date de naissance s'il vous plait?

[00:00:33] Esther Diwan: Je suis née le 2 septembre, 1940 et mon nom de jeune fille c'est Esther Shams [ph]. 

[00:00:41] Interviewer: Et vous êtes née à..

[00:00:42] Esther Diwan: À Beyrouth, au Liban. 

[00:00:44] Interviewer: Ok. Alors pouvez-vous nous dire quelque chose à propos des origines de votre famille?

[00:00:54] Esther Diwan: Ben mes, mes parents sont tous les deux Libanais mais je sais que mes grands-parents du côté maternel ils sont du côté, ils sont plutôt Syriens de Damas. Euh...mes parents paternels, mes grands-parents paternels je sais que ma grand-mère paternelle est née à, euh, en Grèce. Je ne sais pas beaucoup de choses sur eux. Surtout mes grands-parents. [00:01:23] Mon père est du Liban. 

[00:01:25] Interviewer: Oui, ok. Et vos grands-parents, alors il y en a qui sont nés en Grèce?

[00:01:31] Esther Diwan: D'autres en Syrie. 

[00:01:32] Interviewer: D'autres en Syrie. Est-ce que vous avez des souvenirs de vos grands-parents ou des anecdotes euh, à nous raconter?

[00:01:41] Esther Diwan: Non, non, ils étaient décédés avant mon, avant le mariage de ma mère même. 

[00:01:45] Interviewer: Ah ok. 

[00:01:46] Esther Diwan: Parce que ma mère, ils ont eu un drame dans la famille. Je sais pas si ça vous intéresse, je [overlap] raconter ça. 

[00:01:52] Interviewer: Bien sûr. 

[00:01:52] Esther Diwan: Ben...elles étaient cinq filles, ma mère, elles étaient cinq filles t un garçon et euh, euh mon grand-père maternel souffrait d'asthme alors euh, ils ont, ils sont montés, lui et sa femme, avec euh, un bébé qui venait de naître et le garçon euh, la montagne pour qu'il ait de l'air plus frais pour eux. [00:02:17] Et puis durant la nuit, quelqu'un est venu et il a tapé à la porte très fort. Alors bon, avant ils vivaient en confiance, les gens acceptaient de recevoir. Alors cette dame là c'était une colporteuse qui prenait des affaires, qui venait d'un village à l'autre donc pour vendre des tissus, des fils, des choses comme ça avec son fils aussi. [00:02:40] Alors, comme c'était la nuit, elle lui a demandé s'il peut l'héberger pour la nuit chez lui. Mon grand-père a dit oui, il n'y a pas de problème. Il lui a mis un matelas, elle s'est couchée. Au milieu de la nuit, quelqu'un a tapé très fort sur, à la porte. Elle a sursauté la femme, elle a dit, "Oh mon dieu, au nom de la croix." parce qu'elle était chrétienne. Alors les gens ont forcé la porte et ils sont rentrés. [00:03:05] Il paraît qu'ils avaient une revanche contre des gens qui habitaient cette maison là et qui étaient des Chrétiens. Donc ils ont pensé que tous les habitants sont, ces gens là que, alors ils sont rentrés, ils ont tué la femme, son fils s'est enfui au grenier, ils ont tué mon grand-père. Ma grand-mère, en entendant les cris s'est levée, elle a couru pou voir qu'est-ce qui se passe, ils ont tué ma grand-mère, ils ont tué le garçon. Il y avait donc le bébé. Quand elle s'est levée elle a rejeté la couverture qui est venu sur le visage du bébé et ils ne l'ont pas vu. Et ils sont partis. [00:03:39] Alors après, il y a le frère de mon grand-père qui était à Beyrouth, donc ils l'ont, ils lui ont raconté ce qui s'était passé, il est monté voir t bon, il a vu c'était aps tellement beau et la petite fille qui était dans, en, elle était en vie donc ils l'ont ramené et mon grand -  mon, le frère de mon grand-père a élevé donc les cinq filles chez lui. [00:04:01] Alors c'est bien plus tard que euh, ils ont été arrêtés ces gens là. Et ils ont nié. Or, ma grand-mère avait cousu la ja - une veste à mon, à mon grand-père, pas ma grand-mère, la, la belle-sœur de mon grand-père alors elle avait cousu en rouge une part, parce qu'elle n'avasi pas assez de fil. Alors le type portait cette veste et il a nié tout. Elle a dit, "Est-ce que je peux voir la veste?" Ils ont dit, "Qu'est-ce qu'il y a?". [00:04:28] Elle a dit, "S'il y a du rouge dedans, c'est que c'est bien lui." Il a montré sa veste. En effet ils ont trouvé que c'était avec du fil rouge. Ils l'ont arrêté. Donc plusieurs années après ils ont étés pendus, lui et sa gang, je ne sais pas qui il avait avec lui mais...alors pour te dire que ma mère n'a, na pas connu ses parents. Pas, moi j'ai pas connu mes grands-parents mis elle n'a pas, même pas connu ses parents. [00:04:49] Alors ils ont été élevés par leur euh, oncle et leur tante que, étaient comme des parents pour eux. 

[00:04:58] Interviewer: Ça c'est le drame qui vient avec le pays. 

[00:05:02] Esther Diwan: Sauf que, non, sauf que non [overlap] Ils ne visaient pas les Juifs. Ils ne savaient pas qu'ils étaient des Juifs. Ils étaient convaincus que c'était des Chrétiens et ils avaient quelque chose contre une famille Chrétienne spécifique. Donc ils ont pensé que mes, mes grands-parents avaient loué cette maison qui appa - qui était peut-être [overlap] occupée avant par des...ces gens là. Les Chrétiens avec lesquels ils avaient des problèmes. [00:05:23] Alors voilà, tu me dis si j'ai connu mes grands-parents, non, je n'ai pas connu mes grands-parents. Ma mère n'a pas connu ses, ses parents. 

[00:05:34] Interviewer: Alors parlez-nous de vos parents à vous et comment ils se sont rencontrés, comment ils se sont mariés. 

[00:05:40] Esther Diwan: Papa était médecin et puis, bon, il était le médecin des parents de, de ma mère et puis bon, il allait chez elle et tout puis un jour il a perdu sa mère et il s'est dit, "Il faut absolument que je me marie." Il était très jeune, il avait peut-être 23, 24 ans. Alors il s'est rappelé qu'il avait vu Alègra dans cette maison là. Il est parti voir si elle a, poussé, si elle a grandi. C'était une jeune fille. Il est parti voir. Mais c'était une jeune, une grande jeune fille. [00:06:07] Il a pris son frère et ils ont été demander sa main. Et ell lui a été accordé. Et c'est comme ça que, tu sais, elle était très jeune. Elle avait 15 ans ma mère. 

[00:06:16] Interviewer: Ow. 

[00:06:17] Esther Diwan: Elle s'est fiancée à 15 ans. 

[00:06:19] Interviewer: Alors votre maman elle s'appelle Alègra [ph]. 

[00:06:21] Esther Diwan: Alègra. 

[00:06:21] Interviewer: Et votre papa?

[00:06:22] Esther Diwan: Nissim [ph]. 

[00:06:23] Interviewer: Nissim. 

[00:06:23] Esther Diwan: Nissim. 

[00:06:24] Interviewer: Ok. 

[00:06:25] Esther Diwan: Alors papa était médecin généraliste et tout, accoucheur, euh...maladies vénérielles, tout, tout, tout. Tu les mal - à ce moment là il couvrait un peu tout. 

[00:06:35] Interviewer: Oui. 

[00:06:35] Esther Diwan: Et il avait sa clinique. Nous avions notre appartement, c'était donc l'immeuble qui appartenait à mes parents. Nous avions notre appartement au troisième étage. Il avait sa clinique au rez-de-chaussée. Et euh, c'est comme ça que, jusqu'à la fin, jusqu'à sa mort, il a continué à pratiquer dans, dans cette clinique là. 

[00:06:52] Interviewer: Jusqu'a quelle année, il est mort...

[00:06:54] Esther Diwan: Il est mort jeune. Il est mort à 68 ans. 

[00:06:56] Interviewer: Et quelle année c'était?

[00:06:58] Esther Diwan: C'était en '69. [overlap] En 1969. C'est pour ça. C'est ça - d'abord, ça allait mal au Liban. Ensuite, bon, papa était décédé et euh, il n'y avait plus, il n'y avait plus de Juifs au Liban. très peu, très peu. Donc euh, on se dit bon, on va quitter. Maman voulait quitter, elle voulait plus rester. Elle voulait aller en Israël. Nous on a pensé aussi immigrer donc on a quitté le même jour, maman et nous, à l'aéroport en même temps. Elle a pris l'avion pour Chypre, Israël et nous sommes venus directement pour la France et ici. 

[00:07:33] Interviewer: Alors votre papa et né, comme vous dites, en Syrie. 

[00:07:37] Esther Diwan: Non, non, non. Papa, pas au Liban, ce sont ses, ses parents. Non. Ce sont les parents de ma mère qui étaient de Syrie. 

[00:07:45] Interviewer: Ah, les parents de votre papa...

[00:07:47] Esther Diwan: Les parents de mon papa, je ne sais pas. Il dit, c'est au Liban, C’est très, très vague. C'est très vague. 

[00:07:54] Interviewer: Ok. Alors votre maman était Alègra et votre papa c'est Nissim. 

[00:07:59] Esther Diwan: Nissim. 

[00:08:00] Interviewer: Et votre maman, elle est née...

[00:08:02] Esther Diwan: Elle est née au Liban. Elle est née au Liban. 

[00:08:05] Interviewer: Et euh, son nom de jeune fille?

[00:08:07] Esther Diwan: Matalon [ph]. 

[00:08:10] Interviewer: Matalon? Est-ce que c'est Irakien?

[00:08:12] Esther Diwan: Non, il y avait des Malaton syriens, des Matalon irakiens aussi. 

[00:08:17] Interviewer: Et elle avait 15 ans, ok. Et qu'est-ce qu'elle faisait votre maman? Est-ce qu'elle avait euh...

[00:08:24] Esther Diwan: Non, bon, c'était une femme de maison qui...qui nous a élevés très bien et c'est ça. C'est tout ça. 

[00:08:32] Interviewer: Et parles-nous de vos frères et sœurs si...

[00:08:36] Esther Diwan: Attends un peu, maman, mana était la première femme à conduire une voiture au Liban. Ça fait, quand elle passait en voiture, les petits enfants se mettaient autour et criaient "Une femme! Une femme! Une femme qui conduit!" Pour eux, c'était quelque chose d'inimaginable. 

[00:08:49] Interviewer: Wow.

[00:08:50] Esther Diwan: Alors papa avait parfois des visites chez les malades et tout alors c'est elle qui - alors tu me dit, qu'est-ce qu'elle a fait maman. Elle le conduisait, elle l'attendait. Elle, elle, elle l'aidait même parfois dans les accouchements ou dans les choses. Donc euh, c'était, c'était une femme maitresse. 

[00:09:07] Interviewer: Et dis moi, parles moi de vos sœurs et de vos - 

[00:09:10] Esther Diwan: Ben j'ai, j'ai deux frères qui sont plus âgés que moi. J'ai l'ainé qui s'appelle Albert, qui est aussi médecin et euh, j'ai le second Moïse, médecin aussi. Et j'ai ma sœur qui est plus jeune que moi, elle est artiste. 

[00:09:24] Interviewer: Elle s'appelle - 

[00:09:25] Esther Diwan: Elle s'appelle Rosette. 

[00:09:27] Interviewer: Et elle vit où Rosette?

[00:09:28] Esther Diwan: À Brooklyn. 

[00:09:30] Interviewer: À Brooklyn. [overlap]

[00:09:31] Esther Diwan: Mes frères, l'un est à Chicago l'ainée Albert, et le second est à Boston, Moïse. 

[00:09:36] Interviewer: À boston et ils sont des médecins. 

[00:09:39] Esther Diwan: Ils sont tous les deux des médecins. 

[00:09:42] Interviewer: Et comment c'était en grandissant avec eux? Est-ce que vous jouiez ensemble? C'était quoi la relation?

[00:09:47] Esther Diwan: Non, on avait de bonnes relations. Ils nous aidaient pour nos devoirs et on avait de très bonnes relations. Non, je jouais avec ma petite sœur et, non, on était très, très bien ensemble. Très bien. C'est à dire, on s'entendait bien. 

[00:09:59] Interviewer: Est-ce que - quels sont vous premiers souvenirs en grandissant, en étant jeune, de Liban, des parents? Des amis?

[00:10:10] Esther Diwan: Ben écoutes, on avait pas beaucoup de famille. C'est ça, j'avais juste mon papa, ma maman et mes frères, sœurs. J'avais une sœur à papa aussi qui habitait au Liban que nous voyions, et deux cousins et, mais j'avais beaucoup d'amis. Beaucoup d'amis...des deux confessions, parce que au Liban, à Beyrouth à, à L'Alliance c'était tous des Juifs mais ensuite, quand j'ai été chez les Sœurs de Besançon, y'avait des Juifs et des non-Juifs. Donc je suis restée amie avec eux même, je les rencontre ici à Montréal jusqu'à présent. 

[00:10:41] Interviewer: À quel âge vous avez commencé le Besançon?

[00:10:44] Esther Diwan: C'était le secondaire donc je devais avoir peut-être 15 ans? 15-16 ans? Quelque chose comme ça. 

[00:10:51] Interviewer: Et ils habitent ici? Il y en a qui habitent ici?

[00:10:53] Esther Diwan: Oui, oui, et je les vois, je les vois souvent. On se, on se voit, on se téléphone. Oui, oui. 

[00:10:59] Interviewer: C'est magnifique. Euh, à la maison, quelle langue vous parliez?

[00:11:04] Esther Diwan: On parlait le français et l'arabe. Les deux langues. Papa était plutôt de formation euh, américaine parce qu'il avait fait ses études de médecine à l'université Américaine. Donc euh, pour lui c'est -

[00:11:18] Interviewer: L'université américaine -

[00:11:19] Esther Diwan: De Beyrouth. De Beyrouth, c'est ça. Donc pour lui l'anglais était plus facile. Mais il se débrouillait avec...

[00:11:30] Interviewer: Dis-moi, des souvenirs d'enfance. 

[00:11:38] [inaudible]

[00:11:39] Interviewer: Des souvenirs d'enfance quand vous aviez des amis non-Juifs. Est-ce que vous visitiez chez vous?

[00:11:44] Esther Diwan: Oui, oui [overlap]. Non, non, on voyait, on voyait pas la différence. On voyait pas de différence. On était tout le temps l'un chez l'autre et c'était, et puis près quand je me suis mariée on a, bon, on habitait dans un très joli immeuble et j'avais un appartement et les propriétaires étaient au dessus de moi, de l'appartement au dessus de nous c'était des Chrétiens. [00:12:04] C'était des gens mer, merveilleux. Ils nous rendaient visite, nous rendions - ils sont même venus ici à Montréal à plusieurs reprises nous voir. C'était des gens merveilleux, merveilleux. Malheureusement, ils sont morts tous mais euh, mais, tu sais quoi? Ce qu'ils nous ont dit quand ils ont vu que n'étions, que les Juifs quittaient le Liban? Ils sont venus un jour nous dire, vous savez les Juifs c'est rats dans un bateau. Ils se rendent compte quand il y a quelque chose, comme le rat, et ils s'enfuient. [00:12:31] Qu'est-ce qu'il y a? Dites nous. Est-ce que vous avez entendus quelque chose? Est-ce qu'il y a eu quelque chose. On lui a dit, "Directement non. Mais indirectement il y a eu plusieurs choses. C'est pour ça que les Juifs sont en train de quitter. 

[00:12:43] Interviewer: Vous lui avez dit c'était quoi...

[00:12:45] Esther Diwan: Ben regarde, regarde, il y a eu plusieurs choses. Il y a eu, par exemple, le beau-père de mon frère qui travaillait à la Metro-Goldwyn-Maye, est-ce que vous voulez que je développe l'histoire?

[00:12:55] Interviewer: Oui, oui, ce sont des choses très importantes. 

[00:12:58] Esther Diwan: Voilà, voilà. Alors euh, à ce moment là, il y avait peu de télévision. Bien, les gens ne regardaient pas les nouvelles à la télévision alors avant de projeter un film il y avait toujours les actualités. Alors les actualités te disent qu'est-ce qui se passe en France, en Sicile, partout. [00:13:13] C'était au moment des fidaïnes. Alors, un des fidaïnes est venu chez le beau-père de mon frère qui s'appelait Edouard Sasson [ph]. Il a dit, "Écoutes, j'aimerais mettre un film sur les fidaïnes, an arabe [Arabe]. Nous sommes tous des fidaïnes. 

[00:13:31] Interviewer: Des fidaïnes veut dire...

[00:13:33] Esther Diwan: Veut dire des terroristes. Alors Edouard, lui il s'appelait Édouard, il a dit, "No way. Moi je vous laisse pas le mettre dans mes cinémas." Oui, non, y'a eu quelques arguments. Quelques arguments, rien du tout. Et après, il paraît que quelques jours après y'a eu un cocktail, il leurs ont réconciliés, tout allait bien. [00:13:53] Puis le samedi, la même semaine, le samedi il  a été au bureau parce qu'il avait encore des, une correspondance à faire puis quelqu'un est venu. Il l'a tué avec un silencieux. Donc ça été - tout ça a bouleversé la communauté. Ça c'est un. Deuxièmement, nous avions une très belle maison, c'était la fierté de mes parents, une maison à la montagne Aphandun [ph]. [00:14:16] Et elle était moderne, tu sais avec une belle salle de bain et tout donc c'était vraiment la fierté de mes parents. Quand mon père est décédé bon, on voulait vendre quelques propriétés et euh, il y avait un Musulman qui s'appelait Aref [ph] de Majhia [ph] et il avait une pâtisserie à côté de chez nous, à côté de la maison. [00:14:34] Il est venu demander si on peut, si il peut avoir cette maison là. On est aller la visiter et tout, elle lui a plu, ok, il a mis un "down payment" et après bon, au bout d'une, deux, trois semaines les voisins nous téléphonent et disaient, est-ce que vous avez vendu la maison? Il est venu, lui et sa famille et les meubles et tout est déjà dans la maison. Est-ce que vous avez vendu la maison? [00:14:55] Alors Benjamin, mon mari et maman sont partis le voir, "Monsieur Aref, on n'a pas fini encore. Vous avez à peine payé une partie. Il y a encore tout le paiement." Il a regardé mon mari comme ça dans les yeux, il lui a dit, "Ne me regardes pas, ne parles pas, ne dis pas un mot. Je t'enverrai quelques bandits te battre. Tais-toi et va." [00:15:16] Alors maman l'a poussé, lui a dit, "Vas-t'en. Vas-t'en. [inaudible]". Donc la maison n'a pas été, il l'a prise comme ça. Et il paraît, il paraît, mes cousins Israéliens, que quand, au moment où il y a eu le, l'invasion de, quand les Israéliens sont rentrés au Liban il paraît que la première bombe israélienne qui a tombé, c'est sur notre maison, sur cette maison là. 

[00:15:37] Interviewer: Wow. 

[00:15:37] Esther Diwan: Tu te rends compte?

[00:15:38] Interviewer: Alors ils l'ont tué j'espère. 

[00:15:39] Esther Diwan: La maison - je ne sais pas. Je ne sais pas s'il était dedans ou non. Mais la maison était détruite. C'est cette - c'est ça. Regarde comment ça arrive parfois les choses pareil. 

[00:15:48] Interviewer: Évidement c'était pas voulu que ce soit cette maison. 

[00:15:51] Esther Diwan: Non, non, non, c'est par hasard. C'est le bon dieu qui l'a voulu. [rit] C'est tout. Qu'est-ce qu'on peut dire? Alors pourquoi je te raconte? Donc il y a eu des petites choses comme ça. 

[00:16:00] Interviewer: Mais c'est ça qu'il faut entendre. C'est ça qu'on veut savoir. 

[00:16:03] Esther Diwan: C'est ça qu'on, donc tu me dis si on a souffert...non. Pas directement. Ils ne sont pas venus nous battre, ils ne sont pas, mais ils y a eu, il y a eu comme ça, quelque [overlap] problèmes. Mais oui, il y a eu quelques problèmes comme ça. 

[00:16:14] Interviewer: Et puis le père de Gabby [ph]

[00:16:16] Esther Diwan: Le père de Gabby avait été enlevé. Moi j'avais déjà quitté le Liban. Mon fils Isaac, il avait quoi? Cinq, six ans quand il était à l'école? Un jour, un enfant lui dit, "Quelle est ta religion?" Il m'a dit, "Mamie, je n'ai pas osé lui dire. Mais avec un nom comme Isaac il va savoir que je suis Juif." Il avait donc le complexe du Juif, même un enfant de cinq, six ans. 

[00:16:38] Interviewer: Et finalement?

[00:16:40] Esther Diwan: Il ne lui a pas dit. Mais enfin, après on a quitté. Mais je te dis que, comment était. Ensuite on donnait pour faire un passeport hein? Ok, on donnait à tout le monde pour 10 ans ou 5 ans, nous c'était pour un an. Alors on était, j'ai été un jour pour prendre mon passeport après avoir été une fois, deux fois, trois fois. Finalement ils ont dit, oui, il est prêt le passeport. [00:16:59] Ils viennent pour me le deman - me le donner et ils voient le nom Esther. Oh, c'est un nom [inaudible] c'est à dire, de Moïse. Mosaïque. Ils ont dit, ah ok, laissez, vous reviendrai la semaine prochaine, on va l'examiner encore une fois. Donc, vous voyez, ce sont des petites choses comme ça que nous avons ressentis. Mon mari est rentré avec un diplôme d'agronomie, agriculture de, ingénieur agricole. [00:17:25] Où il va travailler? Il a été au gouvernement, ils ont dit, oh non, non, non. On ne prend pas de Juifs. Pas de, y'a pas de - Alors nous avions nos terraces [inaudible] s'est occupé. Mes frères, ils sont devenus médecins. L'ainée, Albert, il est revenu un jour nous rendre visite. Il a vu papa malade, fatigué, il a dit, "Mon rôle, je suis l'ainée, mon rôle c'est de rester ici." [00:17:47] Alors il a été ans tous les hôpitaux, il a fait la pratique. Partout ils lui disaient, "Oh docteur, on t'aime beaucoup. On t'aime beaucoup mais on n'a pas de place. On t'aime beaucoup, on n'a pas de place." Finalement il a été voir dans une, un hôpital St-Élise [ph] elle s'appelait l'hôpital. Il luis ont dit, "Oui, surement, surement, vous êtes le bienvenu." Bon, quel jour? Tel et tel jour. Combien vous payez? Oh non, rien du tout. On vous paye pas. [00:18:08] Alors que, alors qu'en Amérique il y avait plein qui voulaient être partenaires avec lui, tu sais, rentrer en partnership. Alors papa lui a dit, "Vas, moi je me débrouille. Dieu est avec moi. Vas, vas et fais ton, ta -" Et heureusement parce que trois, quatre ans après il a eu ces problèmes et nous avons dû quitter. [00:18:27] Donc c'est ça qui s'est passé au Liban avec nous. C'était pas méchant, méchant, méchant mais on - 

[00:18:33] Interviewer: Mais c'était méchant. 

[00:18:35] Esther Diwan: Ben écoutes, on - quand il y avait problèmes, n'importe quel problème avec Israël alors à ce moment là tu avais es émeutes qui passaient dans la rue, sous notre balcon en criant, bon, "La Palestine est à nous et les Juifs sont nos chiens." Et en criant, hurlant. Et nous étions, on rentrait...

[00:18:54] Interviewer: [overlap] ...en Arabe. 

[00:18:56] Esther Diwan: Euh, [Arabe]. Voila qu'est-ce qu'ils disaient. Mais voilà un petit peu l'histoire que nous avions. Alors mon mari a été voir la JIAS par intermédiaire. Il avait été en France, il est passé voir la JIAS qui lui a dit, "Vous quittez tout de suite." Prenez vos affaires, quittez, venez à Paris, vous resterez deux, trois mois. On vous prépare vos papiers et vous irez  où vous voulez aux États-Unis, au Canada ou vous verrez qu'est-ce que vous voulez. [00:19:28] On dit d'accord. On a paqueté nos affaires et on est partis. Naturellement, on a pas tout vendu, on a, jusqu'à présent d'ailleurs, on a plein de terrains encore qui ne sont pas vendus. Ils sont occupés, il ne sont pas vendus. Et puis voilà. Nous sommes partis donc euh, en France. On a passé finalement un an, le temps qu'ils aient les papiers. Et on est venus ici. 

[00:19:52] Interviewer: Dans quel quartier habitiez vous?

[00:19:55] Esther Diwan: Mes parents habitaient dans le quartier juif qui s'appelait Wadi Abu Jamil. Nous, quand on s'est mariés, on a été du côté de Clémenceau. C'est, si tu veux, un niveau plus haut, si tu veux. Comme si tu disais Hampstead par exemple. 

[00:20:11] Interviewer: Ok, premièrement, je pense que je vous ai pas demandé de votre école. Vous êtes allées - 

[00:20:18] Esther Diwan: À L'Alliance. À L'Alliance Israélite, oui. 

[00:20:20] Interviewer: À L'Alliance israélite au, au primaire. 

[00:20:22] Esther Diwan: Primaire. Alors vous savez l'histoire qui s'est passée à L'Alliance? En '48? 

[00:20:27] Interviewer: Non, racontes-nous. On le sait pas.

[00:20:29] Esther Diwan: [overlap] En '48 on, toute la communauté avait ses enfants à L'Alliance, toute la communauté. Donc euh, en '48 euh, ils ont mis un bombe pour qu'elle éclate à huit heures du matin quand tout le monde est rassemblé. Mais ce soir là il y a eu un orage très fort et elle a, elle a, oui, elle a été déclenchée vers minuit, une heure. [00:20:49] Il y avait la directrice qui habitait dans l'immeuble de l'école et il y avait le, le domestique, tout les deux sont morte et, naturellement l'école a été détruite en entier. Donc euh, tu vois, toute une génération de Juifs aurait été anéantie avec ça. Si jamais, si jamais ça avait éclaté comme ils voulaient. Finalement, ils ont dû nous loger, la communauté voulait nous loger, tous ces enfants là sans école. [00:21:14] Ben, y'a certaines euh, églises qui nous ont donné des terrains de chez eux. Ça c'était au - c'était une église Protestante où nous avons fait le secondaire. Pour le primaire on trouvait à côté, tout autour il y a avait des maisons qui étaient plus grandes, avec une grande cour que les gens nous cédaient. Ça a duré une affaire de trois, quatre and comme ça. Le temps que l'école soit reconstruite. 

[00:21:38] Interviewer: La même école?

[00:21:39] Esther Diwan: La même place. Oui, oui, oui. 

[00:21:42] Interviewer: Et, est-ce que vous saviez qui a  jeté la bombe?

[00:21:46] Esther Diwan: On n'a jamais rien su. Je sais pas, on n'a jamais rien su. 

[00:21:50] Interviewer: Ok, alors euh...

[00:21:50] Esther Diwan: Ça c'était en '48. 

[00:21:54] Interviewer: Alors l'année secondaire [overlap] 

[00:21:56] Esther Diwan: C'est ça donc j'ai, mais, alors j'étais bon d'une place à l'autre avec toujours L'Alliance, sous le chapiteau de L'Alliance et ensuite, après quand j'ai fini, j'ai fini donc le brevet, J'ai été pour le secondaire chez les Sœurs de Besançon, qui habitaient d’ailleurs, dans le même quartier, dans le quartier Juif. 

[00:22:12] Interviewer: Et vous avez étudié la philo?

[00:22:14] Esther Diwan: J'ai, oui, j'ai fait la, le BAC et la philosophie. Et ensuite bon, j'ai été faire mon étude de droit, mon école de droit [overlap]. 

[00:22:22] Interviewer: Un an de droit. 

[00:22:23] Esther Diwan: Un an de droit et là je me suis fiancée et je me suis mariée et ils ont dit, si je voulais, je commençais la deuxième année, ile ont dit, si vous ratez deux travaux pratiques, vous êtes éliminés. J'étais déjà enceinte du premier et je me suis dit, comment je peux faire ça. J'ai arrêté. J'ai arrêté. J'ai repris ici mes études. Mais pas de droit. Pas de droit. 

[00:22:42] Interviewer: [overlap]

[00:22:45] Esther Diwan: D'abord à Concordia et ensuite à McGill. 

[00:22:49] Interviewer: Et Master d'éducation. 

[00:22:50] Esther Diwan: Voilà. 

[00:22:53] Interviewer: Ok euh, parlez-nous de votre nourriture à la maison. Qu'est-ce que vous faisiez? Est-ce que vous mangiez dehors?

[00:23:00] Esther Diwan: Très peu, très, très peu. Mon père continuait de, euh médecin. Il, ça le dégoutait tu sais? D'abord il nous disait, "Vous rentrez à la maison, vous savonnez les mains." Tu sais? Donc ça le dégoutait le manger de dehors. On mangeait beaucoup, beaucoup à la maison quand, quand j'était jeune fille. Après, quand je me suis mariée, je sortais souvent avec mon mari. On sortait souvent. C'était souvent des, des mets Libanais, des mets libanais. 

[00:23:26] Interviewer: Et votre mari, il travaillait à [overlap]

[00:23:30] Esther Diwan: Non, mon mari euh, euh est né à Saïda. C'est le sud de Beyrouth, là où il a le terrain et tout. Donc il allait surveiller ses terrains et...euh...bon les produits des terrains, il les vendaient, etc., tout ça, c'est ça. 

[00:23:45] Interviewer: À Saïda il y avait beaucoup de Juifs n'est-ce pas? 

[00:23:48] Esther Diwan: Il y avait mais de moins en moins. Moins de Juifs qu'à Beyrouth, de loin moins. D'ailleurs, pour les études supérieures il a du revenir, venir à Beyrouth. Il a été chez les frères Marxistes, ensuite il a été chez euh, à l'université américaine aussi faire le commerce. 

[00:24:04] Interviewer: Et à Saïda euh, c'était un peu plus relaxe? 

[00:24:08] Esther Diwan: Non. 

[00:24:09] Interviewer: Avec les Juifs? Ou c'est pareil?

[00:24:11] Esther Diwan: Non, c'était, c'était, les Juifs étaient les Juifs. C'est ça. Ma belle-mère me racontait que quand elle sortait dans la rue elle devait mettre le tchador parce qu'elle n'osait pas autrement sortir. Donc je dis non, les Juifs étaient comme, pour nous c'était normal, c'est comme ça, ça c'est notre vie. 

[00:24:30] Interviewer: Ça recommence. 

[00:24:32] Esther Diwan: Oui, malheureusement. Ok, avez vous des souvenirs de votre vie sociale, les bar mitzvah, les fêtes?

[00:24:42] Esther Diwan: [overlap] Ben, y'a eu le bar mitzvah de mes frères. Y'a eu, bon, le mariage, mon mariage, le mariage de mes, de mon frère, ma sœur, euh, quelques-uns de nos amis. Euh...

[00:24:51] Interviewer: Et c'était comment là-bas les mariages?

[00:24:54] Esther Diwan: C'était pas aussi grandiose qu'ici.  [rit] Non, on avait, on faisait la cérémonie, on, le maximum c'est on, on donnait des bonbonnières à l'entrée, à chacun avait sa bonbonnière. Et le maximum c'était quand on invitait à la maison et on faisait quelques.....

[00:25:10] Interviewer: Repas. 

[00:25:10] Esther Diwan: Pas un repas, des douceurs comme ça. Pâtisseries, des boissons, rien de spécial. Pour mon mariage mon, bon, nous ça été un tout petit peu sophistiqué, mon mari, quand je me suis fiancée ils ont dit, "Ah, elle a épousé un millionnaire." donc il avait, il avait beaucoup d'argent quand on - alors on a fait une soirée dans un hôtel, c'était luxueux. [00:25:34] Pas de repas, comme ça des petits - un cocktail plutôt. 

[00:25:38] Interviewer: Il y avait pas de repas à l'époque hein?

[00:25:41] Esther Diwan: Je crois qu'ils n'étaient pas kasher tous ces restaurants. 

[00:25:43] Interviewer: Ah oui. 

[00:25:44] Esther Diwan: Donc on pouvait pas faire des repas dans ces restaurants. 

[00:25:47] Interviewer: Vous vouliez des repas kasher. 

[00:25:50] Esther Diwan: On peut pas inviter après un mariage, tu peux pas inviter à des repas non kasher. Donc, c'était comme ça. Je te dis, des hors-d’œuvre, des bouchés, des choses, des boissons et des gâteaux et des pâtisseries. 

[00:26:01] Interviewer: Et est-ce que vous aviez des...le Shabbat, est-ce que faisiez quelque chose de spécial chez vous à la maison?

[00:26:09] Esther Diwan: À la maison, à la maison chez nous. Mais on faisait pas ça en dehors. Les fêtes on invitait ma tante, ses enfants, parfois des amis mais le Shabbat c'était chez nous à la maison et...

[00:26:21] Interviewer: C'était une journée normale?

[00:26:22] Esther Diwan: Non, non, non, non. Non, ce soir là on attendait papa, qu'il vienne du travail. On restait, on faisait le kiddush, on faisait, non, non c'était, on sentait que c'était différent. Et le Shabbat vendredi soir et le samedi à midi aussi. 

[00:26:36] Interviewer: Et la synagogue?

[00:26:37] Esther Diwan: La synagogue on allait très peu nous les femmes. Parce que les fêtes tombaient durant l'été. On était, nous étions à la montagne [inaudible]. Donc là bas, quand tu dit, on payait notre, notre siège, notre - pour ari - pour aller et les dames allaient. Les enfants jouaient sur les escaliers mais les dames entraient. 

[00:26:55] Interviewer: Et les hommes?

[00:26:57] Esther Diwan: Les hommes étaient en bas et les femmes en haut. Très jolie [overlap] synagogue. 

[00:26:59] Interviewer: ...pas non plus. 

[00:27:01] Esther Diwan: Ils allaient réellement le samedi, le samedi. 

[00:27:04] Interviewer: Tous les samedis?

[00:27:04] Esther Diwan: Papa allait chaque [overlap] samedi. Papa allait chaque samedi et directement après il allait à sa clinique, [overlap] directement. 

[00:27:11] Interviewer: Après le...wow. Après  le [overlap]

[00:27:13] Esther Diwan: Chaque samedi. 

[00:27:16] Interviewer: Et pouvez vous me décrire la synagogue? Est-ce que c'était Magen Abraham?

[00:27:20] Esther Diwan: Magen Abraham. Elle était très belle. Vous avez des photos d'elle. vous avez pas besoin que je le décrive. 

[00:27:26] Interviewer: Vous aviez les photos. 

[00:27:28] Esther Diwan: Je sais pas si moi, mais si vous faites Magen Abraham vous la ressortir la photo, il n'y a pas de problème. 

[00:27:32] Interviewer: Elle était détruite?

[00:27:33] Esther Diwan: Elle a été détruite et refaite. Imaginez vous que c'est le Hammas qui a payé une grande partie pour la refaire. 

[00:27:39] Interviewer: Pourquoi?

[00:27:40] Esther Diwan: Pourquoi? Parce qu'ils veulent, d'abbord se montrer bien. Deuxièmement, montrer qu'il y a vait une présence juive quand me^me au Liban. Mais là tu peux pas aller la visiter hein? Tu al vois de loin. Tu peux pas t'approcher. J'ai une amie, Lulu, tu connais Lulu. 

[00:27:55] Interviewer: Oui, oui. 

[00:27:55] Esther Diwan: Namer, elle a été pour rentrer, ils lui ont dit, "Non, non, on vous laisse pas vous, de dehors. Prenez des photos de dehors."

[00:28:03] Interviewer: Et c'est n'est pas les Lawi [ph] aussi qui aidé à la...

[00:28:08] Esther Diwan: Qui?

[00:28:08] Interviewer: Mirelis [ph]. Soli Lawi. [ph]

[00:28:12] Esther Diwan: Je ne sais pas. La vérité, je ne peux pas te dire. Mais je sais que une partie, et ça nous a étonné quand on a entendu que le Hamas ont payé une partie. Oui. 

[00:28:22] Interviewer: Bizarre. Euh, parlez moi des bar mitzvah des, de vos frères. 

[00:28:27] Esther Diwan: C'était, c'était très simple aussi. C'était dans les maisons. Les bar mitzvah se passaient à la maison. Les gens bon, ils faisaient la prière et le, et ensuite euh, ils faisaient un petit discours et ensuite on offrait les pâtisseries, des choses comme ça. C'est tout. [overlap]

[00:28:44] Interviewer: À la maison. 

[00:28:44] Esther Diwan: À la maison. Non, non, non peut-être [overlap] Je ne sais pas, peut-être je crois pour le sefer ils allaient à la synagogue pour porter les tefilin mais ils revenaient ensuite à la maison faire euh...C'est très vague parce que ça c'est la bar mitzvah de mes frères et mes frères sont plus âgés que moi. 

[00:29:01] Interviewer: Oui. 

[00:29:03] Esther Diwan: [inaudible] question. 

[00:29:07] [inaudible discussion]

[00:29:15] Interviewer: Vous connaissez la famille de Eddy Cohen? Son père a été tué en 1996. 

[00:29:24] Esther Diwan: Eli Cohen? Eli Cohen, non, il n'étai pas Libanais. 

[00:29:28] Interviewer: Pas Eli, Eddy. 

[00:29:31] Esther Diwan: Eddy. 

[00:29:34] Interviewer: Son père a été tué en '96, '86. 

[00:29:39] Esther Diwan: Cohen? Non, je n'ai pas entendu. 

[00:29:42] Interviewer: Shapiro?

[00:29:43] Esther Diwan: Non plus, non plus. 

[00:29:45] Interviewer: Elle a quitté [inaudible discussion]

[00:29:49] Esther Diwan: Mais on entendait les nouvelles. On entendait les nouvelles. Par exemple, je sais que des Sasson ont été enlevés. Euh, comment il s'appelait déjà? Isaac Sasson. 

[00:29:59] Interviewer: [overlap]

[00:30:02] Esther Diwan: En même temps que le père de Gabby. Gabby Ilya [ph]. Et Docteur Hallah [ph] aussi a été enlevé. 

[00:30:10] Interviewer: [overlap] Ils les ont retrouvés ou jamais?

[00:30:14] Esther Diwan: Non. Non jamais. Jamais. Je crois que Hallah, ils ont, sa femme a su finalement qu'il était - tu sais, il l'ont laissé en vie plusieurs années Docteur Hallah. Pourquoi, parce qu'ils avaient besoins pour qu'il soigne leurs enfants parce qu'il était pédiatre. Oui. Mais après je crois qu'ils l'ont, qu'ils l'ont...

[00:30:32] Interviewer: Ils l'ont laissé en vie...

[00:30:33] Esther Diwan: En vie. 

[00:30:33] Interviewer: En étant...

[00:30:35] Esther Diwan: Enlevé. Enlevé. [overlap] Enlevé, oui. Les autres, le papa de...

[00:30:39] Interviewer: Gabby. 

[00:30:40] Esther Diwan: Gabby, probablement qu'ils l'ont tué et Isaac Sasson aussi probablement. [overlap] On n'a jamais rien entendu. 

[00:30:46] Interviewer: Aussi le monsieur du Goldwyn-Mayer c'était  -

[00:30:48] Esther Diwan: Lui, directement là, il était là près de nous. 

[00:30:50] Interviewer: [overlap] Et Docteur Hallah, il était en prison?

[00:30:54] Esther Diwan: en prison [overlap] plusieurs années. [overlap] Des enfants. 

[00:30:56] Interviewer: Jusqu'à ce qu'il sont grandi? 

[00:30:59] Esther Diwan: Je ne sais pas combien de temps. Sa femme a été souvent pour leur demander de la libérer. 

[00:31:04] Interviewer: Ah il l'a vu sa femme?

[00:31:06] Esther Diwan: Elle n'a pas, elle a été leur, leur, les prier de le libérer, ils l'ont jamais euh, libéré. Mais elle savait qu'il était vivant alors que les autres on savait pas qu'est-ce qu'ils sont devenus. 

[00:31:18] Interviewer: Et la femme, sa femme, elle est...

[00:31:20] Esther Diwan: Elle est, je crois à Paris [overlap] Non, je crois à Paris elle a [inaudible]. Avec ses enfants. 

[00:31:27] Interviewer: Ok, qu'est-ce que vous rappelez des brit milah des...

[00:31:32] Esther Diwan: Brit milah je me rappelle [overlap] Bit Milah je me rappelle des brit milah de mes enfants, c'est tout. Qu'est-ce que tu veux que je te raconte? Ce n'est pas quelque chose -  on faisait comme je te dis, non...

[00:31:41] Inaudible

[00:31:43] Esther Diwan: C'est ça. C'est ça. Et de, des fêtes, je te dis, on invitait ma tante et on faisait les fêtes. C'est tout. On se déguisait. Pour Purim on se déguisait. Maman nous faisait toujours des déguisements et y'avait la Maccabiah à ce moment là. Après la Maccabiah a fermé, oui, oui. Ils nous ont interdits après '48, ils nous ont interdits. 

[00:32:02] Interviewer: Ah. 

[00:32:03] Esther Diwan: Donc on avait les plus beaux déguisements. On avait toujours les premiers prix ma sœur et moi. 

[00:32:07] Interviewer: Qu'est-ce que vous vous déguisiez?

[00:32:10] Esther Diwan: Oh, par exemple, en médecin pour moi et ma sœur en rose. Euh, une euh, qu'est-ce que - une bédouine pour, quelque chose comme ça. J'ai des photos d'ailleurs de ça mais j'ai pas tout amené. 

[00:32:25] Interviewer: Est-ce qu'il y avait des scouts aussi, n'est-ce pas? 

[00:32:29] Esther Diwan: Y'avait, y'avait des scouts...

[00:32:30] Interviewer: Jusqu'en quelle année?

[00:32:31] Esther Diwan: La même, la même chose, la même chose. Ils ont fermé tous les mouvements Juifs à [overlap] ce moment là, en '48. '48 - '49. 

[00:32:39] Interviewer: Alors il n'y avait pas d'organisations juives. 

[00:32:41] Esther Diwan: Il n'y avait plus, il n'y avait plus. 

[00:32:42] Interviewer: Sionistes. 

[00:32:43] Esther Diwan: Il n'y avait rien, rien, rien. Parce que, la maccabiah oui, il l'a considéré comme sioniste. Bon, les autres aussi, les guides, les...les scoutes. 

[00:32:51] Interviewer: Alors votre famille n'a pas été impliquée en [overlap]

[00:32:54] Esther Diwan: Non, non, non. Mais papa, mais papa je te dirais était médecin. Il était médecin de la communauté même donc il les soignaient gratuitement et...

[00:33:04] Interviewer: Il soignait les Juifs gratuitement?

[00:33:07] Esther Diwan: Ben, pas ceux qui ont les moyens, ceux qui n'avaient pas les moyens il les [overlap] les soignaient gratuitement. 

[00:33:12] Interviewer: [inaudible]

[00:33:12] Esther Diwan: Tu sais, souvent des non-Juifs venaient et ils lui disaient "Docteur, je n'ai pas d'argent." Alors il leur disaient, "Bon, la prochaine fois. Amenez-moi la prochaine fois de l'argent." Tu sais, il était comme ça. Alors parfois il venait avec un panier d'œufs, il lui disait, "Voilà, je peux te payer avec ça." Il a dit, ok, ça c'est très bien. Ou un poulet. Ou bien lui disaient que Dieu te garde toit et tes enfants. Bon, ils m'ont donné leur bénédiction quand ils n'ont pas d'argent. 

[00:33:38] Interviewer: Oui. Euh...Ok, votre famille, est-ce qu'ils avaient des non-Juifs comme amis, comme, c'était quoi la...

[00:33:53] Esther Diwan: Mes parents, mes parents pas, je ne pense pas qu'ils avaient, très peu, très peu. Y'en avait quelques uns mis très peu. 

[00:33:59] Interviewer: Les voisins?

[00:34:00] Esther Diwan: Les voisins étaient tous Juifs. Ils étaient dans un quartier Juif. 

[00:34:04] Interviewer: Et quand vous étiez au Hamdun [ph], quand ils vous ont appelé...

[00:34:06] Esther Diwan: Hamdun aussi c'était, on s'est rencontrés, on s'est remis tous ensemble les Juifs, touts. On était tous ensemble. 

[00:34:12] Interviewer: Ah, même les maisons à côté de votre maison. 

[00:34:14] Esther Diwan: C'était des Juifs. Bon y'avait les voisins qui n'étaient pas Juifs, on leur disait bonjour, on leur disait, "Venez prendre un café" mais pas ami-ami. Tu peux pas dire, c'était des connaissances. On était en bons termes avec eux. 

[00:34:26] Interviewer: Ok. Alors maintenant on va parler euh, vous avez quitté euh, à, '70 pour la France. Pouvez-vous nous raconter un peu comment vous êtes, vous avez fait pour le faire?

[00:34:40] Esther Diwan: On est arrivés là-bas, bon, il fallait que la JIAS nous a trouvé un, un hôtel, nous a mis à l'hôtel d'abord. Donc c'était un peu difficile avec les trois jeunes enfants, la plus jeunes avait quatre ans à l'hôtel. On est restés là-bas quelques, peut-être quelques mois, même pas. Un jour, on prenait les enfants...

[00:34:59]  [inaudible]

[00:35:01] Esther Diwan: Quand on prenait les enfants à l'école on les accompagnaient, il sont été à l'école là bas. On les ramenait. Un jour on rencontre les parents des amis de, de, de nos enfants. Ils nous invité à aller prendre le café chez eux. On a été puis on les a invités chez nous. Ils ont dit, "Où c'est chez vous?" On a dit à l'hôtel. "Ah, avec trois enfants vous êtes à l'hôtel? Nous avons un appartement. Ma belle-mère vient de décéder et euh, si vous nous aidez à nettoyer on, vous allez prendre l'appartement." [00:35:27] Et c'est ce qui s'est passé. On a, on a aménagé  don on était finalement, normalement on vivait. Et....voilà donc on est restés là bas sept, huit mois, le temps qu'on ait le visa et qu'on quitte. 

[00:35:41] Interviewer: Est-ce qu'il y avait des gens qui aidaient à nettoyer ou c'était...

[00:35:44] Esther Diwan: Non, c'est nous qui avons nettoyé. 

[00:35:46] Interviewer: [rit] Dis moi, comment vous avez, vous m'aviez dit que c'était Benjamin qui était, qui a voyagé à Paris avant votre départ pour...[overlap]

[00:35:57] Esther Diwan: Regarde, oui, je vais te dire. Y'avait des - papa avait des propriétés au Liban et celui là, celui qui a pris la maison de Hamdun, de la montagne, il voulait acheter une des propriétés alors il, il parlait juste l'arabe. Une des propriétaires était euh, euh, je crois à New York alors il a dit à Benjamin, vient avec moi parce que je ne parle pas la langue. Viens avec moi pour m'aider pour pouvoir euh, voir comment on va arranger les choses. [00:36:24] So Benjamin est parti avec lui. 

[00:36:26] Interviewer: Alors celui avec qui il est parti c'était un Juif. 

[00:36:29] Esther Diwan: Non. [overlap] le Musulman qui a pris la maison sans payer. 

[00:36:34] Interviewer: Oui, oui. Au départ, ils étaient amis. 

[00:36:37] Esther Diwan: Voilà, soi-disant ami, soi-disant ami. Alors, c'est ça, ils ont été donc ensemble à New York et euh, il a fait la transaction et tout pour acheter. 

[00:36:47] Interviewer: Pour acheter?

[00:36:47] Esther Diwan: Pour acheter la propriété de mon père. 

[00:36:49] Interviewer: Oui. 

[00:36:49] Esther Diwan: Une propriété à mon père. Euh, pas la maison de, de la montagne, une autre propriété que papa avait. 

[00:36:55] Interviewer: Ah, il l'a acheté [overlap] proprement.

[00:36:57] Esther Diwan: Il a acheté une partie de - alors il est rentré parce que, regarde, la propriété de mon père était au nom de mon père et de trois, quatre personnes donc il y avait une personne qui était à New York. Il fallait aller la faire signer donc il a été avec lui. Et quand, en, en rentrant il a passé par Paris et c'est à Paris qu'il a rencontré la JIAS. 

[00:37:17] Interviewer: Il est allé les chercher. 

[00:37:18] Esther Diwan: Il a été, non, il a été lui même voir la JIAS. 

[00:37:20] Interviewer: Oui mais il voulait [inaudible]

[00:37:22] Esther Diwan: Oui, oui, il voulait, il leur a dit, "Voilà la situation." Ils lui ont dit, "Nous savons la situation. Ne restez pas. Quittez. Quittez."  Et c'est comme ça que bon...[overlap] c'est comme ça que, c'est ça qui nous a poussé à quitter. 

[00:37:35] Interviewer: Oui. Alors les premières discussions de migration...c'est arrivé quand? Après la maison? Quand?

[00:37:50] Esther Diwan: Ben regarde, oui, c'est juste après la maison. Quand je te dis qu'on - après le décès de papa, quelques mois après maman voulait aller en Israël. Nous, nous voulions quitter aussi. Donc on se dit, où on va? On va en Australie? Pourquoi pas l'Australie? Non, c'est trop loin. On va, on savait pas où aller même. [00:38:05] Après on s'est dit, “Bonn, on va aux États-Unis, y'avait déjà mes deux frères aux États-Unis. Donc on a, quand on a été en France on a fait une application pour les États-Unis et pour le Canada. On adit, "Le premier qui arrive, on y va." Et c'est arrivé le Canada, on est venus. Imagines toi que peut-être un moi ou deux mois après ils nous écrivent, ils nous disent, si vous revenez à Paris on a eu déjà vos papiers, vous pouvez aller aux États-Unis. [00:38:28] On s'est dit, quelle différence? On est là, on est là. On était contents, on est restés. Et voilà. 

[00:38:34] Interviewer: C'est un autre...

[00:38:35] Esther Diwan: Non, je te dis, c'est le, le sort...

[00:38:38] Interviewer: [inaudible]

[00:38:38] Esther Diwan: Exactement, comment ça se passe comme ça. Et puis nous sommes arrivés ici au mois de juillet. On avait quitté Paris. Il pleuvait, il faisait gris. Il faisait maussade. On arrive ici au mois de juillet les fleurs partout, un beau temps. Je dis, "C'est là que je veux rester. Je veux pas quitter." [rit] J'ai pas vu la neige. J'ai vu juste le, les belles choses. 

[00:39:08] [inaudible]

[00:39:13] Interviewer: Ok, maintenant on parle de la nouvelle pays. 

[00:39:16] Esther Diwan: Du nouveau pays. 

[00:39:17] Interviewer: Du nouveau pays, merci. Euh, vous avez quel âge finalement?

[00:39:22] Esther Diwan: 30 ans. 

[00:39:23] Interviewer: Vous aviez 30 ans. Euh. Vous êtes venus avec la famille?

[00:39:28] Esther Diwan: [overlap] Je suis venue avec la famille. 

[00:39:29] Interviewer: Yes, I know, I know. Comment vous avez managé? Comment vous avez...

[00:39:35] Esther Diwan: Débrouillée. 

[00:39:36] Interviewer: Oui, vous vous débrouillez?

[00:39:37] Esther Diwan: Bon, écoute, mon mari d'abord, je t'ai dit, il est ingénieur agricole. Il a été demandé au gouvernement, il lui ont dit, ici avec le temps qu'il y a qu'est-ce que tu vas faire comme ingénieur agricole? Tu peux vendre des graines si tu veux, c'est tout ce que tu veux faire. Mais il avait aussi un diplôme de commerce donc euh, ma mère avait un cousin qui avait, qui avait une manufacture de, euh, de vêtements de ski et des euh, des, meubles pour l'extérieur. [00:40:03] Alors il a contacté à Benjamin, il a dit, est-ce que tu veux travailler chez moi comme comptable? Il a dit, oui je travaillerai chez toi. Et c'est ce qu'il a fait. Donc il est resté quelques années travailler avec lui et ensuite il a voulu faire sa propre affaire qui n'a pas marché, ensuite il a été...tu sais, c'était très difficile pour lui. Très, très difficile. Finalement, il a fait l'agent immobilier aussi. Ça c'est la fin. [00:40:27] Entre-temps, moi je me suis dit bon, je reprends mes études...et c'est comme ça que...on...[overlap] s'est arrangés. 

[00:40:34] Interviewer: Alors, quand vous avez commencé à euh, enseigner?

[00:40:42] Esther Diwan: C'était en '78 je pense. '78, oui. Le temps que je prenne mon diplôme. En attendant je faisais du remplacement à l'école, dans l'école où qu'ils m'ont engagé. Quand j'avais des heures libre, j'allais faire des remplacements. 

[00:40:55] Interviewer: Et vous avez étudié...

[00:40:57] Esther Diwan: J'ai étudié, oui, oui, oui. J'ai étudié à temps plein. J'ai étudié à temps plein. 

[00:41:00] Interviewer: Les gens qui, qui enseignaient le français...

[00:41:03] Esther Diwan: Non, je n'ai jamais enseigné avant. Moi je voulais même pas être enseignante. Moi mon but était d'aller, de faire l'art dentaire, c'est ça que je me suis mis en tête. Alors ils m'ont dit ok, vous devez refaire votre Cégep. J'ai dit, ok, je refais le Cégep, je, j'ai été vraiment top, tu sais des 98 et de 100% j'ai obtenu. [00:41:20] Et le prof, les professeurs m'ont dit, vous devez continuer en calculus, toutes ces matières là. Puis j'ai été voir un conseiller pédagogique. Je te dis, comme j'avais 30 ans ils m'ont dit, oh, vous avez 30 ans, maintenant allez vous présenter pour l'art dentaire et ils vont préférer prendre un jeune de 22, 23 and plutôt que celle-là de 30 ans. Ils m'ont découragé et je leur en veut toute ma vie. Parce que c'est ça que je voulais faire. [00:41:44] Parce que j'était l'esprit scientifique plus que littéraire. Bon, ils m'ont dit, va faire les, de, de la pédagogie, l'éducation. Tu prendras ton congé en même temps que les enfants, tes enfants, etc., et on a besoin de professeurs. C'est ça qui m'a poussé à faire les études euh...d'éducation. 

[00:42:03] Interviewer: Ils ont...y'a beaucoup qui sont venus de Liban qui n'ont pas vraiment étudié tellement pour enseigner. Vous avez, vous avez...

[00:42:12] Esther Diwan: Ben regarde, il y a des enfants, des gens qui ont pris leur BA seulement. Moi j'ai été plus loin. J'ai été, j'ai fait ma master...parce que d'abord j'aimais les études. Deuxièmement, les étés maman avait l'habitude de venir passer l'été avec nous puis un été elle était déjà morte et je me suis dit, "Qu'est-ce que je vais faire cet été? Qu'est-ce que je vais faire cet été?" Je me suis dit, le mieux, c'est d'aller étudier et y'avait, j'ai vu ce programme à McGill euh, école d'été en français. [00:42:40] J'ai été faire donc c'est ça. 

[00:42:44] Interviewer: C'est vraiment admirable. 

[00:42:45] Esther Diwan: J'ai oui, cinq étés. J'ai fait cinq étés. 

[00:42:48] Interviewer: Wow. C'est une...commitment. 

[00:42:52] Esther Diwan: J'aime les études. 

[00:42:55] Interviewer: Et disons, quand vous êtes venus ici, le JIAS euh...

[00:42:59] Esther Diwan: Oui, la JIAS nous a aidé au début pour trouver un appartement. Alors un appartement à Côte-des-Neiges. On est restés euh...

[00:43:07] Interviewer: Quand vous dites qu'ils vous ont aidé. Est-ce qu'ils vous ont donné de l'argent?

[00:43:11] Esther Diwan: Non, non, non, non. Non, non, non, non, non. Du tout. Ils ont donné l'appartement...peut-être au début juste le temps que mon mari travaille, c'est à dire deux, trois semaines mais c'est tout. Ils nous ont dirigés où mettre les enfants, dans quelle école. Euh, tu vois, des choses comme ça mais, mais non. Non, non. 

[00:43:30] Interviewer: Et vous avez mis les enfants dans quelle école?

[00:43:32] Esther Diwan: D'abord on les a mis dans des écoles juives hibro - non, comment ça s'appelait? Beth Rivkah et, je sais pas, deux écoles. Les enfants étaient très, très malheureux. Toute la journée ils devaient suivre l'hébreu, le, le, et suivre et si jamais ils ne suivaient pas le professeur venait les taper sur les mains. Alors ça fait que déjà ils étaient nouveau ici. Ils n'avaient pas d'amis et, le, [inaudible] chez moi était très, très nerveux. [00:43:59] Alors on a été voir un psychologue, ils nous a dit, vous la sortez de cette école, vous la mettez dans une école publique comme ça il aura des amis du quartier et il se fera des amis. Mettez-le dans une équipe de hockey, de n'importe quoi. Dans cette école il va rien, ça va pas aller. Alors on les a sortis tous les deux et ils ont été dans une école publique. Alors on voulait leur prendre - ils avaient commencé en français au Liban. On voulait les mettre dans une école française, non. Le français c'est pour les Catholiques et vous allez dans les écoles protestantes, qui est en anglais. [00:44:29] Ils ont été faire leurs études en anglais, je ne, c'est à dire on, on me regrette pas mais...voilà comment ça c'est passé. 

[00:44:38] Interviewer: Ils devraient apprendre le, l'anglais... [overlap]

[00:44:41] Esther Diwan: Ben Néné [ph] avait déjà sept ans. Alors quand il avait un devoir je restais avec le dictionnaire. Moi je parlais pas non plus l'anglais. Alors j'étais avec un dictionnaire. Chaque mot je regardais et je l'aidais dans ses devoirs. Et après quand ils ont commencé à parler je leur disais, parlez le bon anglais pour que moi je l'apprenne, je ne dise pas des bêtises devant les gens, tu sais, les mots, je sais pas, des mots qui sont...

[00:45:03] Interviewer: Wow, wow. [Notes] Euh, est-ce que les Ashkénazes ont donne du support euh, puisque vous parliez le français? Non, pas du tout. 

[00:45:26] Esther Diwan: Non, pas du tout. 

[00:45:26] Interviewer: C'est un autre monde. 

[00:45:28] Esther Diwan: Tu sais, on savait pas qu'il y avait Ashkénaze, Sépharade. Tu sais, au Liban on avait pas ça donc même ici c'est bien plus tard qu'on a dit, y'a Ashkénaze, y'a Sépharade, y'a ceci, cela. Mais...on ne voyait pas la différence. On voyait, on voyait, on voyait pas, on voyait pas ça. 

[00:45:45] Interviewer: Mais eux, est-ce que vous aviez des relations?

[00:45:46] Esther Diwan: On n'avait pas de relations, on n'avait pas de relations, non, non, non, on avait pas de relation. Ici on a été à une synagogue Marocaine avant qu'il n'y ait le Liban. La marocaine, donc qui était la plus proche de nous pour la liturgie et tout. Mais...je sais pas, je te dis, il n'y en avait pas. 

[00:46:03] Interviewer: Est-ce que le JIAS vous a aidé à acheter des habits?

[00:46:05] Esther Diwan: Non. 

[00:46:05] Interviewer: Non. 

[00:46:08] Esther Diwan: Non, non, non, non, non, non. Pas du tout. Ils ont aidé pour la maison, je te dis, dès que nous sommes arrivés ils nous ont amené à un hôtel sur la Sherbrooke. On a passé une nuit et après ils nous ont transférés à une maison sur Côte-des-Neiges, un appartement avec deux chambres à coucher et on est restés là bas cinq mois. Entre temps, bon, on avait regardé ici et là...

[00:46:28] Interviewer: [overlap] les cinq mois vous devriez payer. 

[00:46:29] Esther Diwan: Oui, oui, on payer un loyer. On paye un loyer. Ensuite on avait, grâce à dieu, on avait un peu d'argent. Et après donc euh, on a acheté notre première maison qui était à Ville Mont-Royal sur la rue Kirkfield. Alors mon mari faisait 180 dollars par semaine. Ils lui on dit une, une semaine doit être pour, pour la maison. Et en effet, on payait 180 dollars par mois pour le, on avait mis le down-payment en...

[00:46:56] Interviewer: [inaudible] Pas vêtements. 

[00:46:59] Esther Diwan: Pas vêtements, non, non, non. Non, non, non, jamais, jamais, jamais. On a rien...

[00:47:03] JIAS did this for many people. 

[00:47:05] Esther Diwan: Non, non, non, jamais. 

[00:47:06] Interviewer: The house they bought. 

[00:47:07] Esther Diwan: We bought the house. We bought the house. [overlap] Non, we bought the house. [overlap]

[00:47:11] Interviewer: [overlap] comme immigrants pas du tout immigrants. 

[00:47:16] Esther Diwan: Immigrants, bien sur. Oui, oui, on est rentrés comme immigrants. Non, non. au bout de trois ans, quatre ans, cinq ans je me rappelle plus on avait la citoyenneté. À ce moment là je crois que c'était cinq ans. 

[00:47:25] Interviewer: Oui, C'était cinq ans. Ok, euh, alors quand vous aviez étudié, c'est vous qui payez pour les études. 

[00:47:34] Esther Diwan: Bien sur, bien sur, bien sur. 

[00:47:37] Interviewer: Et les enfants étaient dans...[overlap]

[00:47:38] Esther Diwan: Au Cégep quand j'ai étudié au Cégep je n'ai rien payé. C'était gratuit. Mais ensuite, à l'université oui j'ai dû payer. Les enfants non, parce qu'ils étaient à l'école publique. 

[00:47:49] Interviewer: Est-ce qu'ils ne donnaient pas des leçons en anglais pour des gens qui ne parlaient pas l'anglais à l'époque?

[00:47:53] Esther Diwan: Du tout, du tout. Du tout. 

[00:47:55] Interviewer: Juste en français. 

[00:47:56] Esther Diwan: On les entendait parler français parfois, ça fait que quand ils donnaient des cours de français, tu sais il y avait quelques cours de français, ils leur disaient, allez à la bibliothèque. Vous n'avez pas besoin. Ma fille m'a dit, je n'ai jamais appris les verbes, je ne sais pas comment on conjugue les verbes. Parce que quand tu faisais les verbes au sitôt que c'est en français elle était à la bibliothèque. [00:48:14] Ça fait que quand elle voulait entrer à McGill, elle devait passer un test de français avec des verbes, naturellement et elle a fait tout faux. Elle a échouée. Alors je lui ai dit, viens, je suis rester travailler avec elle. Je te dis, je me rappelle, sur mon lit, on restait sur mon lit et je ne travaillais les verbes au subjonctif, au conditionnel, ceci, ceci, cela. Elle a passé. Elle a été passer l'examen et ça a marché. Mais....

[00:48:39] Interviewer: Alors les enfants ont tous euh, juste étudié l'anglais. 

[00:48:43] Esther Diwan: L'anglais, l'anglais. 

[00:48:45] Interviewer: Et dis moi, les enfants maintenant, qu'est-ce qu'ils font? Ils sont, Joëlle, qu'est-ce qu'elle fait?

[00:48:50] Esther Diwan: Joëlle, architecte, oui. Elle est architecte. Elle est project manager dans la Banque du Canada. Euh, Nessie [ph] il est dans les finances et Néné, Isaac, il est dans euh, il est dans euh, comment on appelle ça? Il  a un titre spécial. Attends...

[00:49:11] Interviewer: IT? Computers?

[00:49:12] Esther Diwan: Quelque chose dans les computers. Oui. Attends, je vais te le dire. Technical writer. 

[00:49:18] Interviewer: Technical...

[00:49:18] Esther Diwan: Technical writer. 

[00:49:19] Interviewer: Writer. Wow. Alors parle-moi des amis que vous êtes euh...

[00:49:26] Esther Diwan: Ici? 

[00:49:27] Interviewer: Qui vous avez rencontré, qui étaient les amis? Qui sont...

[00:49:30] Esther Diwan: Ici quand nous sommes, quand nous sommes arrivés ici, il y avait très, très peu de Libanais que nous connaissions. Il y avait les Azarout [ph], il y avait les Entebi [ph] que nous connaissions même pas. Ils ont été très, très, très gentils. On n'avait pas de voiture, ils nous ont mis dans la voiture et ils nous ont pris pour nous montrer où on achète les légumes, où on achète les fruits, Jean Talon, Warshaw, etc., tout ça. [00:49:53] Et bon, on avait peut-être deux couples, trois couples d'amis. C'est tout ce qu'on avait et puis ça agrandi, ça agrandît et on a ...

[00:50:01] Interviewer: Vous avez rencontré Albert où?

[00:50:05] Esther Diwan: Oh non, bien plus tard, ton mari, bine, bien plus tard. Bien plus tard. Je crois qu'on l'a rencontré aux Philippines. 

[00:50:15] Interviewer: Ah. 

[00:50:16] Esther Diwan: Oui, tu sais mon beau-frère était aux Philippines. 

[00:50:18] Interviewer: Oui. 

[00:50:20] Esther Diwan: Donc a été pour la bar mitzvah de son fils. Et c'est là qu'on a connu - [overlap]

[00:50:24] Interviewer: Quelle années c'était?

[00:50:25] Esther Diwan: En quelle année c'était? C'était en...'80 - attends, il est en '70, donc '83. 

[00:50:33] Interviewer: '83. Bravo. 

[00:50:36] Esther Diwan: En '83. 

[00:50:38] Interviewer: Ok, maintenant, vous avez, vous êtes rentée Solomon Schechter après ça pour enseigner?

[00:50:44] Esther Diwan: C'est ça. c'est ça alors je faisais, de temps en temps ils m'appelaient parce qu'ils vou - avaient besoin de remplaçants. Et moi, quand j'avais le temps, ça me faisait un peu d'argent aussi. Parce que avant ça je travaillais aussi chez Eaton, plusieurs années aussi comme ça, comme vendeuse, comme caissière, ceci, cela, pour faire un peu d'argent quand même. On avait des jeunes enfants, on n'avait pas income. Mon mari à peine. Et puis après j'ai - donc ils me connaissaient à Solomon Schechter. [00:51:09] Quand j'ai fini, j'ai pris mon diplôme directement ils m'ont donné deux classes. 

[00:51:14] Interviewer: Et les Machal, comment vous êtes...c'était vous étudiants à l'école? 

[00:51:19] Esther Diwan: Oui, ils étaient chez nous à l'école. Euh, je dit, je sais pas qui m'a - ah, c'est une amie qui m'a fait la connaissance de Sandra et qui avait besoin quand même du tutoring pour ses deux garçons. Et j'ai travaillé avec eux durant des années et des années et des années. 

[00:51:35] Interviewer: Et Robert?

[00:51:35] Esther Diwan: Robert Machal euh, c'est un ami aussi qui travaillait avec ses enfants. Ils avaient besoin d'un autre professeur et c'est comme ça que j'ai connu ses enfants et j'ai travaillé aussi des années avec eux. 

[00:51:49] Interviewer: Tu allais chez eux?

[00:51:49] Esther Diwan: J'allais chez eux. Alors que Sandra, les enfants, les rencontrais à l'école ou bien des fois à la maison, c'est tout. 

[00:51:59] Interviewer: Ils venaient chez vous? 

[00:51:59] Esther Diwan: Euh, non, non, ils ne sont pas venus chez nous, chez moi. Les enfants de Robert sont venus chez moi. 

[00:52:06] Interviewer: Ah oui? 

[00:52:06] Esther Diwan: Parfois, oui. 

[00:52:08] Interviewer: Vous avez enseigné les...

[00:52:09] Esther Diwan: Les quatre. 

[00:52:10] Interviewer: Les quatre enfants de Robert. 

[00:52:12] Esther Diwan: Les quatre. Parfois je passais, parfois je passais cinq heures chez eux, le dimanche par exemple. Je venais par exemple à neuf heures, à dix heures, je restais jusqu'à trois heures de l'après midi. Il a besoin, madame Diwan, tu peux m'aider? Oui, je peux, je peux. 

[00:52:25] Interviewer: [overlap] le lunch?

[00:52:26] Esther Diwan: Je prenais le lunch avec eux. Oui. oui. Ils sont tellement gentils. Ils sont tellement ouverts que, pour eux, tu sais c'est la maison du bon dieu. Elle est ouverte. Qui rentre, reste manger avec eux. 

[00:52:39] Interviewer: C'est gentil. 

[00:52:39] Henry: Tous les dimanches?

[00:52:41] Esther Diwan: Pardon?

[00:52:42] Interviewer: Tous les dimanches?

[00:52:43] Esther Diwan: Tous les dimanches j'allais chez eux. Tous les dimanches. 

[00:52:45] Interviewer: Tous les dimanches pour trois, quatre ans. 

[00:52:47] Esther Diwan: Oh oui, facilement. Parfois j'allais  à 11 heures, parfois je venais - ça dépend si elles avaient soccer ou si elles avaient des activités. Je faisais passer la première qui devait partir puis faire le deuxième, troisième. Non, l plupart du temps oui. 

[00:53:01] Interviewer: Vous avez de la concentration. 

[00:53:03] Esther Diwan: Avec eux. 

[00:53:04] Interviewer: Enseigner quatre heures, cinq heures de temps. 

[00:53:06] Esther Diwan: Tu sais, ils sont tellement agréables les enfants. C'est pas les mêmes personnes, tu reste avec elle quatre heures. Donc tu changes de, [inaudible]. Puis y'avait l'avant-dernière, celle-là, je suis très proche d'elle. Je l'aime beaucoup, beaucoup. Ils avaient une table de ping-pong. Mme. Diwan, aujourd'hui ping-pong. Je dis, "si tu travailles bien on fera un tour de ping-pong." [rit] Alors on a fait [overlap] je serais - elle naturellement mais, mais je te dis la vérité j'ai à jouer aussi du ping-pong et ça m'a beaucoup rapproché de la petite. Ça m'a beaucoup rapproché [overlap]

[00:53:36] Interviewer: Elle avait quel âge?

[00:53:37] Esther Diwan: J'ai commencé avec elle, elle avait peut-être huit ans. Maintenant elle a déjà 15 ans. 

[00:53:44] Interviewer: C'est magnifique. 

[00:53:44] Esther Diwan: Elles sont adorables. 

[00:53:46] Interviewer: [inaudible discussion] Maintenant euh, après tout les réflexions euh, conservez vous votre héritage sépharade, les traditions, etc.?

[00:54:04] Esther Diwan: [overlap] Oui, je vous ai montré le livre d'ailleurs  sur toutes les traditions que, comment on appelle...les fêtes, toutes les fêtes. 

[00:54:09] Interviewer: Vous avez écrit un livre. 

[00:54:10] Esther Diwan: Oui, oui, oui, sur les fêtes euh, comment, comment nous les, nous célébrons nos fêtes. 

[00:54:17] Interviewer: Oui, c'est magnifique. J'espère qu'ils vont...

[00:54:20] Esther Diwan: La façon sépharade. Ben ils vont voir ce qui est intéressant.

[00:54:22] Interviewer: Sépharade...

[00:54:23] Esther Diwan: Et ma sœur, comme elle est artiste, c'est elle qui a fait les illustrations dans le livre. 

[00:54:31] Interviewer: Quel est l'élément le plus important de votre héritage Sépharade?

[00:54:38] Esther Diwan: Ben écoutes, c'est les traditions, la religion euh...qui encore? C'est tout. Par réellement le, les repas et tout ça. Non, moi ça m'est égal mais c'est surtout nos traditions pour les fêtes. 

[00:54:53] Interviewer: Mais le repas vous, vous...

[00:54:54] Esther Diwan: Je fais de ça et de ça, je fais de ça et de ça. 

[00:54:57] Interviewer: Vous tenez au repas. 

[00:54:59] Esther Diwan: Je fais, je fais mais j'essaie de faire [inaudible]. N'oublies pas que mon beau-fils hein, il est converti, donc il n'est pas né Juif et c'est eux qui viennent chaque vendredi soir chez moi alors je dois quand même accommoder des choses qui, qu'il aimerait manger. Il y a des choses que - 

[00:55:14] Interviewer: Il est Français ou Anglais?

[00:55:14] Esther Diwan: Il est Anglais. 

[00:55:15] Interviewer: Il est Anglais. 

[00:55:16] Esther Diwan: Il est Irlandais la vérité, d'origine irlandaise. Alors euh, je peux pas lui faire euh, des mets qui sont purement libanais ou arabes. Euh, parfois il essaie mais parfois je le vois, il prend une bouchée. Il me dit, "C'est très bon mais je n'ai pas faim." [rit]

[00:55:36] Interviewer: Et votre identité culturelle, comment vous la décrivez? 

[00:55:41] Esther Diwan: qu'est-ce que tu entends par là?

[00:55:44] Interviewer: Euh, disons, ton identité, tu es, Sépharade, Libanaise euh...

[00:55:50] Esther Diwan: C'est ça, Sépharade, Libanaise, enseignante, Juive, qu'est-ce que tu veux encore? Mère de famille. 

[00:55:56] Interviewer: Grand-mère. 

[00:55:57] Esther Diwan: Grand-mère et...amie aussi. J'ai plein d'amis. 

[00:56:05] Interviewer: Et comment, vous êtes Canadienne?

[00:56:08] Esther Diwan: Canadienne. Oui, oui, une Canadienne. 

[00:56:10] Interviewer: Canadienne. 

[00:56:11] Esther Diwan: Bien que nous ayons aussi des greencards. Tu sais mes frères aux États-Unis nous avons fait, nous ont fait des greencards mais on les a plus renouvelés donc euh...mais ça aidé Isaac, mon fils, quand il est venu d'Israël avec sa femme. Il n'avait pas trouvé de travail ici. Comme il avait la greencard et il avait du travail à Washington, il a travaillé là bas 10 ans. Et jusqu'à présent il a son passeport américain. 

[00:56:37] Interviewer: Mais vous vous considérez quoi? Comme quoi? Vous?

[00:56:40] Esther Diwan: Ben, je suis Canadienne. Je suis Canadienne. Libanaise. Qu'est-ce que tu veux. 

[00:56:46] Interviewer: Est-ce que vous vous considérez comme réfugiante ou immigrante? [overlap]

[00:56:50] Esther Diwan: Réfugiée? Non. Non, non, ni immigrante ni réfugiée. Je me sens chez moi. 

[00:56:54] Interviewer: Comment?

[00:56:55] Esther Diwan: Je suis chez moi. Ni réfugiée ni immigrante. 

[00:56:58] Interviewer: [overlap] Non, en arrivant. 

[00:57:00] Esther Diwan: En arrivant, immigrante plutôt. On n'était pas réfugiés. 

[00:57:05] Interviewer: Et euh, l'endroit que vous considérez chez vous?

[00:57:10] Esther Diwan: C'est ici. 

[00:57:15] Interviewer: Quel message voulez-vous partager avec les gens qui écouteront cette entrevue? 

[00:57:21] Esther Diwan: Je veux leur dire que nous avons une vie superbe ici au Canada. Et que je ne regrette pas un jour d'avoir choisi ce pays. Et je suis très heureuse d'a - j'ai plein d'amis et, et nous avons aussi notre synagogue qui fait un lien entre nous, nous rassemble. 

[00:57:45] Interviewer: C'est magnifique. 

[00:57:46] Esther Diwan: Je suis heureuse. J'aime beaucoup ma vie. 

[00:57:49] Interviewer: Merci beaucoup d'avoir [overlap]

[00:57:50] Esther Diwan: Merci. 

[00:57:50] Interviewer: ...participé avec nous Esther. [overlap]

[00:57:53] Esther Diwan: Pas de quoi. Ça m'a fait plaisir. Ça m'a fait plaisir. 

[00:57:55] Interviewer: ...voir vos livres. 

[00:57:57] Esther Diwan: Oui, ben oui, y'a des choses intéressantes dedans. 

[00:58:00] Interviewer: Un vrai plaisir. Merci beaucoup. 

[00:58:01] Esther Diwan: Je t'en prie, merci à toi. 










Esther Diwan






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